samedi 13 février 2010

Controverse autour des frontières: le temple de Preah Vihear


Les polémiques autour des espaces frontaliers ne cessent de s'amplifier et font désormais l'objet d'une audience médiatique importante, qui ravivent les hostilités. Les outils de géolocalisation y jouent un rôle de plus en plus grand . Dernier cas en date: la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, autour du temple de Preah Vihear. La semaine dernière, en prévision d'une visite du temple, le Premier ministre Cambodgien Hun Sen a écrit une lettre vigoureuse à Google où il trouve « radicalement trompeur et totalement aberrant » le tracé de la frontière dans Google earth, qui place presque la moitié du temple, en territoire thaïlandais.
Situé à 400 kilomètres au nord de Phnom Penh, ce temple est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Bâti dans la première moitié du IXème siècle, il a la particularité d'avoir une entrée cambodgienne et...une entrée thaïlandaise. C'est donc un symbole frontalier fort. Pour preuve, le temple a donné son nom à la province cambodgienne où il se situe mais aussi au parc national thaïlandais dans la province de Si saket,où il se trouve aussi...
Les sources de conflits autour du temple sont nombreuses et anciennes ( et la France a joué un rôle dans la création de cette frontière). mais c'est le classement au patrimoine mondial par l'Unesco en 2008 qui a ravivié les tensions.
Le 11 février, Google a répondu: «Nous étudions avec attention les objections du gouvernement du Cambodge relatives à la description des frontières cambodgiennes sur (le site) Google Earth et nous prévoyons de répondre plus en détail à votre courrier dans un très proche avenir».
Le cas de cette frontière et son histoire sont assez passionnante mais trop longue pour ce billet. Et ce qui est aussi intéressant, c'est la démarche; désormais pour être entendu sur la scène diplomatique, les gouvernements font appel à une une entité médiatique, tournée vers internet et les nouvelles technologies qui lui ouvrent les portes d'une audience sans frontières et qui attirent le regard des instances diplomatiques sur des problèmes régionaux récurrents.
N'est-on pas entrer, grâce à l'arrivée de nouveaux outils de géolocalisation massivement populaire, dans une nouvelle ère de gestions des conflits frontaliers ( autour de symboles forts) , où les gouvernements font entrer la pression médiatique de ces nouvelles applications dans leurs rapports tendus avec leurs voisins ? Ne serait-ce pas aussi un nouvel objet d'étude ?

Sources: très nombreuses, surtout Ogle earth